L'homme moderne et l'homme de Néandertal se sont rencontrés il y a 250 000 ans : c'est ce que révèle une étude

par Baptiste

20 Juillet 2024

Neanderthal-Museum, Mettmann/Wikimedia Commons - CC BY-SA 4.0

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Depuis quelque temps déjà, nous savons que l’Homo sapiens et les Néandertaliens ont partagé bien plus que la géographie. En effet, certains traits génétiques de l'homme moderne auraient été hérités de son cousin européen, comme la propension à se lever tôt le matin ou un nez légèrement plus proéminent. Une étude récente a toutefois cherché à comprendre jusqu'où allaient nos interactions. Selon les chercheurs, celles-ci auraient commencé plus tôt que prévu et se seraient poursuivies pendant des milliers d'années.

 

Interactions génétiques entre Homo sapiens et Homo neanderthalensis

Dans leur étude, publiée dans Science, les chercheurs partent d'un constat : jusqu'à présent, nous avons seulement analysé le flux génétique allant des Néandertaliens vers l'homme moderne. Cela est compréhensible : il est bien plus simple d'étudier l'apport de gènes dans notre patrimoine génétique que de faire l'inverse. Cependant, une équipe de généticiens de l'Université de Princeton et de l'Université de Nankin a essayé de considérer les interactions entre Sapiens et Néandertaliens sous un autre angle.

Étudier le flux génétique partant de notre espèce vers nos cousins a permis de découvrir l'ampleur réelle des contacts entre les deux populations. Les interactions génétiques entre Sapiens et Néandertaliens auraient débuté il y a déjà 250 000 ans et se seraient répétées à plusieurs reprises, jusqu'à ce que, selon beaucoup, les Néandertaliens s'éteignent. Mais est-ce vraiment le cas ?

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Étudier les traces de l'homme moderne dans le génome de Neandertal : la méthode innovante

Paul Hudson/Flickr - CC BY 2.0

Pour trouver une réponse à cette question, les chercheurs ont analysé l'ADN de l'Homme de Néandertal contenu dans 2 000 génomes humains modernes. Pour ce faire, ils ont utilisé un outil appelé IBDmix capable de détecter une propriété appelée "hétérozygotie", qui peut indiquer une grande diversité génétique. Les généticiens ont recherché des traces d'ADN d'Homo sapiens dans les traces d'ADN d'Homo neanderthalensis contenues dans le génome humain. Et ils ont trouvé quelque chose de très intéressant.

Selon les résultats, en effet, les deux espèces se sont croisées une première fois entre 250 000 et 200 000 ans, et une seconde fois entre 120 000 et 100 000 ans. Certains lignages d'hommes de Néandertal contiennent même entre 2,5 % et 3,7 % du génome de l'homme moderne, une circonstance extraordinaire qui pourrait aussi remettre en question l'extinction de nos cousins, d'un certain point de vue.

Deux espèces distinctes ou une seule ?

Selon les chercheurs, nous avons toujours surestimé les populations de Néandertaliens, qui, à un certain moment, auraient été assimilées par celles d'Homo sapiens. Voici les propos de l'équipe de chercheurs :

"L’assimilation des Néandertaliens dans les populations humaines modernes, au fur et à mesure de leur diffusion en Eurasie, aurait effectivement augmenté la taille des populations humaines modernes, tout en diminuant celle d’une population de Néandertaliens déjà en déclin."

Avec le temps, en effet, le chromosome Y des Néandertaliens aurait disparu, contribuant à cette assimilation et l'accélérant. De plus, il semble que notre chromosome Y évolue très rapidement, et pourrait même disparaître. Le mélange entre les deux patrimoines génétiques est tel que Homo sapiens et Homo neanderthalensis pourraient bien ne pas être deux espèces distinctes. À l’heure actuelle, il est difficile de tirer des conclusions certaines, mais il est certain que l'histoire de l'homme moderne a connu de multiples interactions avec les Néandertaliens... jusqu'à leur assimilation définitive, il y a des milliers d'années.

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