Une peinture rupestre pourrait s'inspirer du fossile d'une créature bizarre qui s'est éteinte il y a 250 millions d'années

par Baptiste

22 Septembre 2024

Gros plan de l'animal à crocs peint par le peuple San dans la première moitié du 19e siècle

Plose One

Selon une nouvelle étude, une peinture rupestre africaine pourrait représenter une créature éteinte ayant vécu des millions d'années avant nous. Voici de quoi il s'agirait, selon les chercheurs.

L'animal disparu peint par les San

L'animal à crocs du panneau du Serpent à cornes redessiné par Stow et Bleek

PLOSE ONE

Sur une paroi rocheuse située dans le bassin du Karoo, en Afrique du Sud, est représenté un étrange animal aux défenses dirigées vers le bas, peintes en bleu. Cette œuvre rupestre a été réalisée par le peuple indigène San entre 1821 et 1835.

Face à cette peinture, les archéologues se sont interrogés : s'agit-il d'une créature mythologique née de l'imagination, ou d'une représentation inspirée d'une espèce ayant réellement existé ? Une nouvelle étude propose une réponse : ce dessin pourrait en réalité s'inspirer d'une espèce disparue il y a 250 millions d'années, bien avant l'apparition des humains. Si tel était le cas, cela suggérerait que les tribus d'Afrique australe possédaient des connaissances paléontologiques plus avancées que ce que l’on pensait. Mais quel est cet animal préhistorique auquel les San auraient pu se référer ?

Les indigènes San se sont peut-être inspirés du dicynodon

Modèle de dicinodon

Viliam Simko/Wikimedia commons - CC BY-SA 4.0

Julien Benoit, de l'Evolutionary Studies Institute à l'Université du Witwatersrand, qui a mené l'enquête, pense que l'animal représenté s'inspire du fossile d’un dicynodonte, une créature herbivore très robuste ayant vécu précisément en Afrique du Sud. Cette peinture rupestre, surnommée "le panneau du serpent cornu", ne ressemble à aucune espèce animale contemporaine.

Bien qu’il puisse évoquer un morse, cet animal vit près du pôle Nord, loin de l’Afrique australe. Même s’il s'agissait d'une créature purement mythologique, ces êtres légendaires prennent souvent racine dans la réalité, inspirés d’animaux ayant réellement existé. Les chercheurs considèrent donc plausible que les San aient découvert et transporté des fossiles de dicynodonte sur de longues distances. De plus, ils pensent que plusieurs espèces éteintes auraient influencé la culture de cette tribu.

Dicynodon sud-africain, un animal des pluies ?

En 1905, un rapport mentionné dans l’étude faisait état des paroles des bushmen San, décrivant leurs ancêtres interagissant avec de « grands monstres colossaux, surpassant en taille l’éléphant ou l’hippopotame ». Bien que les dicynodontes aient précédé de beaucoup l'apparition des humains, ce peuple semblait avoir conscience de l’existence d’animaux disparus depuis des époques lointaines. Malgré l’aspect spéculatif, Benoit suggère que "l’animal aux défenses sur le panneau du serpent cornu était probablement représenté comme un animal de la pluie, lié à des cérémonies destinées à provoquer ce phénomène météorologique."

En effet, les San, lors de leurs rituels pour appeler la pluie, entraient dans un état de conscience altéré qui leur permettait d’accéder à une autre dimension pour ramener ces animaux de la pluie dans notre monde. "En choisissant une espèce comme le dicynodonte, qu’ils savaient être éteinte, ils espéraient sans doute que cet animal de la pluie posséderait une plus grande puissance pour faire le lien entre les deux mondes."

En somme, les savoirs ancestraux des San sur le passé se révèlent bien plus précis que prévu, d’autant que la reconnaissance scientifique du dicynodonte ne remonte qu’à 1840, soit quelques années après la réalisation de cette peinture rupestre.