Une nouvelle étude révèle enfin comment El Niño a provoqué la plus grande extinction de masse il y a 252.000 ans

par Baptiste

17 Septembre 2024

À droite, El Niño de 1997-98 observé par le satellite artificiel TOPEX/Poséidon

Freepik - Maddox1/Wikimedia commons - Public domain

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Il y a longtemps, un phénomène climatique a provoqué la plus grande extinction de masse sur notre planète. Une nouvelle étude vient de découvrir comment et pourquoi.

Extinction massive il y a 252 millions d'années : El Niño

Il y a environ 252 millions d’années, à la frontière entre le Permien et le Trias, le phénomène climatique connu sous le nom d’El Niño a déclenché ce qui est aujourd’hui considéré comme la plus grande extinction de masse de l’histoire de la Terre, selon une nouvelle étude. Cette recherche a exploré les causes et les effets dévastateurs de cet événement.

L'El Niño provoque périodiquement un réchauffement significatif des eaux de surface de l’océan Pacifique, particulièrement dans ses parties centrale et orientale. Ce phénomène survient généralement tous les cinq ans, bien que cette fréquence puisse varier entre trois et sept ans, atteignant son paroxysme en décembre et janvier. Toutefois, bien avant l'apparition de l'humanité, El Niño a joué un rôle clé dans une extinction d’une ampleur sans précédent, touchant l’ensemble de la planète et la majorité de ses formes de vie.

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Pourquoi la vie sur terre a-t-elle disparu à cause d'El Niño ?

Une coupe géologique révèle une surface terrestre desséchée, commune dans le monde entier il y a 252 millions d'années

University of Bristol and China University of Geosciences (Wuhan)

Depuis quelque temps déjà, la science a établi un lien entre cette extinction massive de la vie, survenue il y a 252 millions d’années, et les puissantes éruptions volcaniques dans l’actuelle Sibérie. Ces éruptions ont libéré d'énormes quantités de dioxyde de carbone, entraînant un réchauffement climatique rapide. Ce bouleversement a provoqué l’effondrement des écosystèmes terrestres et marins.

Cependant, une énigme restait à résoudre : pourquoi la vie terrestre n’a-t-elle pas pu s’adapter à cette catastrophe ? Les insectes et certaines plantes, pourtant réputés pour leur résilience face aux changements climatiques, n’ont pas survécu. Alexander Farnsworth, de l’Université de Bristol, a expliqué que le réchauffement climatique seul ne suffisait pas à expliquer ces conséquences dramatiques. Comme c'est le cas aujourd'hui, "lorsque les tropiques deviennent trop chauds, les espèces migrent vers des latitudes plus fraîches et des altitudes plus élevées. Notre recherche a révélé que l'augmentation des gaz à effet de serre rend non seulement la planète plus chaude, mais accroît aussi la variabilité des conditions météorologiques, rendant le climat plus instable et hostile à la survie de la vie."

« Des épisodes d'El Niño beaucoup plus intenses et prolongés » il y a 252 000 ans

Selon Yadong Sun, de l’Université des géosciences de Chine à Wuhan, co-auteur principal de l’étude, "la plupart des formes de vie n’ont pas réussi à s’adapter à ces conditions extrêmes. Pourtant, certaines ont survécu, et c’est grâce à elles que nous sommes là aujourd’hui. Ce fut presque la fin de la vie sur Terre."

Le niveau de réchauffement du Permien-Trias a été estimé à partir de l’analyse des isotopes d’oxygène extraits des fossiles dentaires de minuscules organismes appelés conodontes. "Il faisait tout simplement trop chaud partout", souligne Farnsworth. "Les modifications des régimes climatiques étaient profondes, avec des épisodes d'El Niño beaucoup plus intenses et prolongés que ceux que nous connaissons aujourd'hui. Les espèces n'étaient tout simplement pas équipées pour s'adapter ou évoluer assez rapidement."

Aujourd’hui, ces phénomènes durent un ou deux ans, mais il y a 252 millions d’années, El Niño a persisté bien plus longtemps, provoquant une sécheresse mondiale continue d’environ dix ans. Cela explique également la quantité importante de charbon végétal retrouvée dans les roches de cette époque. La disparition des plantes a, par ailleurs, limité l’absorption du CO₂ dans l’atmosphère. Si les espèces marines ont résisté un peu plus longtemps, sur la terre ferme, seules les espèces capables de migrer rapidement ont survécu, mais elles étaient peu nombreuses parmi les plantes et les animaux.

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