Une nouvelle étude suggère une nouvelle date pour le Suaire de Turin et c'est un rebondissement
Dianelos Georgoudis/Wikimedia Commons - CC BY-SA 3.0
Nous connaissons tous le Saint-Suaire de Turin, le célèbre linceul de lin qui, selon la tradition religieuse, aurait enveloppé le corps de Jésus après la crucifixion. Au fil des années, de nombreuses études ont tenté de déterminer s'il s'agissait véritablement du linceul du Christ ou simplement d'un faux, peut-être ancien, mais certainement pas divin. Récemment, deux recherches pourraient avoir apporté un nouvel éclairage sur ce mystère : le Saint-Suaire de Turin pourrait être authentique, ou du moins dater de 2000 ans. Voyons comment cela est possible !
Le suaire de Turin : artefact millénaire ou faux médiéval ?
Le Saint-Suaire de Turin est un tissu de lin d'environ 4,4 mètres de long et un mètre de large, sur lequel est imprimée l'image d'un homme. Si, pour la tradition religieuse, il s'agit du linceul dans lequel aurait été déposé Jésus, la communauté scientifique a toujours abordé ce reliquaire avec une certaine méfiance. Loin de constituer une preuve tangible des récits évangéliques, le Saint-Suaire de Turin demeure néanmoins un objet digne d'une étude rigoureuse.
À cet égard, une étude bien connue de 1988 a procédé à une datation au radiocarbone du linceul. Trois laboratoires différents ont mené trois tests indépendants sur des échantillons, afin d'obtenir une datation aussi fiable que possible : selon les résultats, le Saint-Suaire de Turin remonterait à une période comprise entre 1260 et 1390. Cette datation correspond aux premières mentions historiques du linceul, datant de 1354 : en somme, le Saint-Suaire ne serait pas un artefact millénaire, mais un faux médiéval. Un linceul ancien, certes, mais pas aussi vieux qu'on le souhaiterait.
La nouvelle étude sur le suaire de Turin
Giuseppe Enrie, 1931 - Public Domain
Cependant, une étude récente publiée en 2022 dans la revue Heritage pourrait remettre en question la datation au radiocarbone réalisée en 1988. En effet, des chercheurs italiens ont utilisé une technique de datation avancée appelée Wide Angle X-Ray Scattering (WAXS), qui mesure le vieillissement naturel de la cellulose de lin en fonction de la température et de l'humidité. Selon ces nouvelles analyses, le Saint-Suaire aurait environ 2000 ans, contredisant ainsi la datation médiévale précédente et corroborant la tradition religieuse. Voici ce qu'affirment les chercheurs :
"Le degré de vieillissement naturel de la cellulose de l'échantillon analysé montre que le tissu est bien plus ancien que les sept siècles suggérés par la datation au radiocarbone de 1988. Les résultats expérimentaux sont compatibles avec l'hypothèse qu'il s'agit d'une relique de deux mille ans, comme supposé par la tradition chrétienne."
La validité de ces résultats dépend toutefois du fait que le Saint-Suaire ait été conservé dans des conditions appropriées de température et d'humidité relative pendant les 7 siècles d'histoire que nous connaissons, ainsi que les 13 siècles d'histoire que nous ignorons.
Nouvelles analyses, nouveaux indices
Récemment, l'un des auteurs de l'étude de 2022 est revenu sur la question du Saint-Suaire avec de nouvelles analyses et de nouveaux indices concernant la nature du reliquaire. Dans son article publié dans la revue Archives of Hematology Case Reports and Reviews, le professeur Giulio Fanti se concentre sur les échantillons prélevés sur le Saint-Suaire, avec des résultats qui apportent de nouveaux éléments à la quête de vérité. Les analyses révèlent en effet la présence d'hémoglobine et de deux types différents de traces biologiques, indiquant que le Saint-Suaire n'a pas été altéré par des pigments ou des encres, mais que les traces seraient liées à de réels déversements de deux individus.
En somme, il semble qu'il est encore trop tôt pour clore le débat sur l'authenticité du Saint-Suaire de Turin. Pour certains, il demeure un faux médiéval, pour d'autres, un artefact millénaire, et pour d'autres encore, une véritable relique. Après tout, ce mystère perdure depuis 700 ans… et peut-être même plus.