Des scientifiques conçoivent un dépôt lunaire pour sauvegarder les espèces de notre planète

par Baptiste

14 Août 2024

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Les espèces menacées sur Terre pourraient trouver une nouvelle chance sur la Lune, grâce à un projet imaginé par une nouvelle étude. Voyons ensemble de quoi il s'agit.

Espèces menacées sur Terre et cryoconservation lunaire

Les scientifiques ont un nouvel objectif ambitieux : préserver les espèces terrestres par cryogénie sur notre satellite. Une nouvelle recherche a donné naissance à l'idée d'utiliser des cratères lunaires, constamment à l'ombre du soleil, pour sauvegarder les êtres vivants de notre planète en cas de problème sur Terre.

Ces cratères, en effet, posséderaient des températures suffisamment basses pour permettre la conservation cryogénique des espèces, sans avoir recours à l'azote liquide ni à l'électricité. Les scientifiques ont développé ce plan en se basant sur le succès de la cryoconservation d'échantillons de tissus cutanés d'un poisson, ce qui les a menés à l'idée de créer un dépôt biologique capable de protéger des échantillons et du matériel biologique d'autres espèces terrestres.

Mary Hagedorn, cryobiologiste au Smithsonian's National Zoo and Conservation Biology Institute, aux États-Unis, et première auteure de la recherche, a déclaré : "Initialement, un dépôt biologique lunaire aurait pour objectif de protéger les espèces les plus menacées sur Terre aujourd'hui, mais notre objectif final serait de cryoconserver la majorité des espèces présentes sur notre planète."

Pourquoi exploiter les cratères lunaires comme biodépôts ?

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Comme mentionné précédemment, l'idée s'inspire en partie du Global Seed Vault dans l'Arctique norvégien, précisément sur les îles Svalbard, où plus d'un million de graines différentes sont conservées pour la protection des diverses cultures. Cependant, en 2017, ce dépôt a été mis en danger par la fonte du pergélisol, ce qui a conduit à envisager que l'augmentation des températures et la montée des niveaux de la mer pourraient nécessiter de nouvelles solutions.

Pour conserver efficacement les cellules animales, des températures inférieures à -196°C sont nécessaires, contrairement aux cellules végétales, pour lesquelles les températures arctiques suffisent. Sur notre planète, atteindre un tel niveau de froid nécessite l'utilisation d'électricité, d'azote liquide et de main-d'œuvre humaine. Mais si ces ressources venaient à manquer, le dépôt biologique serait compromis. C'est pourquoi Hagedorn et ses collaborateurs ont envisagé la Lune et ses cratères situés dans les régions polaires. Ces zones atteignent les -246°C grâce à leur profondeur et à leur ombre perpétuelle, mais un problème demeure : les radiations qui pourraient endommager les échantillons et leur ADN.

Objectifs et limites du dépôt biologique lunaire

Pour remédier à ce problème, les scientifiques envisagent de conserver les échantillons sous terre ou dans une structure dotée de parois composées de roche lunaire. Les effets potentiels des radiations sur le matériel cryoconservé et de la microgravité restent à étudier, nécessitant ainsi des recherches supplémentaires. L'objectif est aussi de "favoriser les voyages spatiaux. La vie est précieuse et, autant que nous le sachions, rare dans l'univers. Ce dépôt biologique offre une approche parallèle pour préserver la précieuse biodiversité de la Terre."

Cependant, certains experts soulignent que ce projet nécessiterait des coûts et des efforts considérables, qui pourraient être détournés des projets actuels de conservation de la nature sur Terre. Il reste à voir si le projet de Hagedorn, qui a déjà réussi à protéger certaines espèces de coraux en voie d'extinction grâce à la cryoconservation, deviendra une réalité ou non.