L'odeur d'une planète non loin de la Terre où il pleut du verre fondu : on dirait celle des "œufs pourris"

par Baptiste

11 Juillet 2024

Image artistique de l'exoplanète HD 189733 b

ESA/Hubble/Wikimedia commons - CC BY 4.0

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Nous ne pouvons pas atteindre les exoplanètes situées en dehors de notre système solaire, mais nous pouvons détecter leur odeur : l'une d'entre elles sent l'œuf pourri, selon une nouvelle étude.

HD 189733 b, le "Jupiter chaud" à 64 années-lumière de nous

Les êtres humains associent l'odeur du soufre à celle des œufs pourris et devraient se boucher le nez sur l'exoplanète qui, selon les scientifiques, possède une atmosphère rappelant précisément cette "fragrance". Ce monde extraterrestre est un exoplanète jovienne chaude nommée HD 189733 b, située à 64 années-lumière de la Terre : une distance relativement proche, si l'on considère son emplacement en dehors de notre système solaire.

Grâce au télescope James Webb, il a été possible de découvrir qu'elle est entourée d'une atmosphère chargée de sulfure d'hydrogène, ce qui permet facilement de supposer et d'imaginer l'odeur que l'on pourrait y respirer. HD 189733 b se trouve à une distance treize fois plus courte de son étoile mère que celle de Mercure par rapport au Soleil, ce qui en fait une planète "infernale", comme elle est décrite. Un Jupiter particulièrement chaud et gazeux, situé dans la constellation du Petit Renard, qui complète une orbite autour de son étoile en seulement deux jours terrestres. Cela signifie que sa température avoisine les 925°C : clairement invivable pour les êtres humains, au-delà de l'odeur qu'elle émet. Mais ce n'est pas la seule bizarrerie de cette exoplanète.

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L'exoplanète qui sent l'œuf pourri et sur laquelle il pleut du verre fondu

Représentation artistique de HD 189733 b

Roberto Molar Candanosa/Johns Hopkins Univeristy

Avant de découvrir l'odeur de HD 189733 b dans cette nouvelle étude, les scientifiques avaient révélé qu'il est très probable que des pluies de verre fondu s'y produisent, résultant de vents qui poussent latéralement le matériau à une vitesse pouvant atteindre 800 km/h, soit trois fois supérieure à celle d'un ouragan terrestre de catégorie 5. Ce sont justement les "étrangetés" de ce monde extraterrestre qui ont poussé les chercheurs à lui accorder une nouvelle attention en utilisant le télescope James Webb.

Les nouvelles observations ont permis de mesurer le dioxyde de carbone, les métaux lourds présents dans son atmosphère, la quantité d'eau et d'oxygène. Ainsi, ils ont découvert la présence d'acide sulfhydrique, qui sur notre planète est émis par les volcans et la matière organique en décomposition. Il s'agit d'un gaz hautement inflammable, nocif et incolore. Pour les scientifiques, ce n'était pas une réelle surprise : il était déjà suspecté que HD 189733 b, en tant que géante gazeuse, puisse contenir cette molécule, également présente sur Uranus et Jupiter. Cependant, jusqu'à présent, ce gaz avait été rarement détecté en dehors du système solaire, sauf dans l'espace interstellaire.

À la recherche d'autres mondes avec de l'acide sulfhydrique

Guangwei Fu, astrophysicien de l'Université Johns Hopkins, Maryland, a qualifié la découverte de l'acide sulfhydrique sur l'exoplanète de "tremplin significatif pour trouver cette molécule sur d'autres planètes et pour mieux comprendre comment se forment les différents types de mondes." Le soufre, a expliqué Fu, est un élément essentiel à la construction de molécules complexes et est fondamental pour la grande majorité des formes de vie terrestres.

Cependant, la présence de vie extraterrestre sur HD 189733 b est presque certainement à exclure, en raison des températures excessivement élevées, mais aussi des conditions météorologiques. Le fait que l'exoplanète contienne du sulfure d'hydrogène amène toutefois à envisager que d'autres mondes en dehors de notre système solaire pourraient en contenir, ainsi que des formes de vie extraterrestres potentielles. La prochaine étape pour les chercheurs sera d'observer d'autres planètes chaudes similaires à Jupiter avec l'aide du télescope James Webb pour évaluer la présence de ce même gaz.

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