Pourquoi n'y a-t-il plus autant de moucherons sur le pare-brise qu'auparavant ?

par Baptiste

06 Juillet 2024

H Dragon/WIkimedia Commons - CC BY 2.0

Au cours des dernières décennies, l'Europe a connu une baisse drastique de la population d'insectes, signe indéniable de changements dans l'écosystème, souvent négatifs. Un aspect souvent négligé mais révélateur de cette tendance est la diminution des moucherons sur le pare-brise des voitures.

Autrefois, il fallait le nettoyer fréquemment, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Ce changement, étudié par de nombreux chercheurs, pourrait avoir des conséquences potentiellement dévastatrices.

L'effet pare-brise

Nous devons à l'entomologiste et vulgarisateur canadien John Acorn ce que l'on appelle l'"effet pare-brise". Connu également sous le nom de "syndrome du pare-brise", il prévoit que chaque année, quelqu'un remarque qu'il y a de moins en moins d'insectes sur le pare-brise.

Peut-être conduit-on en été, au bord de la mer ou dans une forêt, mais par rapport au passé, quelque chose a changé : il n'est plus nécessaire de nettoyer souvent le pare-brise. Qu'est-ce que cela signifie ?

En observant ce phénomène, on peut constater une diminution de la population d'insectes, à en juger par les pare-brise des voitures trop propres. Bien que ce ne soit pas une expérimentation scientifique, l'effet pare-brise pourrait contenir une part de vérité. C'est ce que pensent plusieurs équipes de chercheurs qui ont voulu étudier ce phénomène ces dernières années.

Y a-t-il vraiment moins de moucherons sur le pare-brise ?

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Deux études en particulier ont analysé scientifiquement ce que l'effet pare-brise permet d'observer empiriquement : y a-t-il vraiment beaucoup moins d'insectes sur les pare-brise des voitures ?

Une étude publiée dans la revue Ecology and Evolution a utilisé des données recueillies sur un tronçon de route au Danemark de 1997 à 2017. En 20 ans d'observation, les insectes retrouvés sur les pare-brise des automobilistes ont diminué de 80 %, mais ce n'est pas le seul phénomène étrange. En parallèle, le nombre d'hirondelles et d'autres oiseaux insectivores a diminué, les précipitations printanières ont augmenté, tout comme la température moyenne, d'environ 1,5 °C.

Une autre recherche menée dans le Kent, au Royaume-Uni, a utilisé un outil spécial pour compter les impacts des insectes sur les plaques d'immatriculation des voitures. Résultat : de 2004 à 2019, les insectes ont diminué de 50 %. La diminution des moucherons sur le pare-brise ne semble donc pas être le fruit du hasard.

Moins d'insectes sur le pare-brise : qu'est-ce que cela signifie pour l'écosystème ?

Cependant, la diminution des insectes retrouvés sur les voitures ne suffit pas à confirmer le syndrome du pare-brise. En d'autres termes, il n'est pas certain que ces résultats puissent être généralisés à un phénomène global.

La réalité est plus complexe qu'une simple évaluation de l'état de propreté du pare-brise, mais le fait que l'écosystème change n'est pas un mystère.

Une recherche de 2020 a révélé que les insectes s'éteignent à un rythme plus rapide que les mammifères, les oiseaux et les reptiles. 40 % des espèces d'insectes ont des populations en déclin, tandis que 30 % risquent l'extinction.

Cette tendance pourrait trouver une illustration frappante dans l'effet pare-brise, mais cela ne la rend pas moins vraie. Notre écosystème subit les effets en cascade de la destruction des habitats et de la pollution : les insectes pourraient être les premiers à en payer les conséquences. Mais ils ne seront pas les derniers.