Contrôler les rêves et communiquer avec la réalité pendant le sommeil : un laboratoire du sommeil explique comment faire

Aimeriez-vous pouvoir prendre le contrôle de vos rêves et les guider ? Il existe aux Pays-Bas un laboratoire du sommeil où cela devient possible. Voyons ce qu'il en est.

Les rêves lucides sont très rares

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Au Sleep and Memory Lab de Martin Dresler, de l'Institut Donders à Nimègue, on peut apprendre à vivre ce qu'on appelle les "rêves lucides". Cela signifie devenir pleinement le réalisateur de son expérience onirique, de réaliser que vous rêvez et de diriger le "film" à votre guise. Que l'on veuille voler, visiter une autre planète ou rencontrer une personne, il suffit de le vouloir et voilà : le rêve se réalise, du moins dans notre esprit.

En d'autres termes, il s'agit de "pirater" ses propres rêves en en prenant le contrôle. Les rêves conscients ne sont pas une expérience commune : en effet, il n'est pas facile de se rendre compte qu'on rêve et de diriger les événements, et d'ailleurs, cela arrive très rarement. Cependant, il existe des entreprises qui s'intéressent précisément à ce phénomène et concentrent leurs efforts sur le développement d'équipements et d'outils pour favoriser le rêve lucide.

Le rêve lucide, une anomalie du rêve normal

Martin Dresler et son équipe se concentrent sur l'étude des rêves lucides, en surveillant l'activité cérébrale au moment où ils se produisent. "Nous soupçonnons maintenant quelles régions cérébrales sont impliquées, y compris le cortex préfrontal, mais nous ne savons pas encore exactement quelles structures doivent être stimulées pour induire un rêve lucide", a-t-il expliqué.

Pour ses recherches, le Dr Dresler induit le rêve lucide chez des sujets volontaires. En stimulant leurs sens à l'état de veille et en utilisant des lumières, des sons et des vibrations, il les invite à se concentrer sur ces stimuli et sur leur état d'esprit actuel. À ce stade, il envoie les mêmes signaux lorsque les sujets sont en phase de sommeil paradoxal (REM). De cette manière, les participants peuvent reconnaître les stimuli pendant leur rêve et réaliser qu'ils sont en train de rêver.

Cette technique est efficace dans environ 50 % des cas, bien que souvent la conscience du rêve soit de courte durée et dépasse rarement 60 secondes.

Selon Dresler, notre cerveau semble ne pas apprécier le rêve lucide, qui "est assez instable. Il semble que le cerveau n'apprécie pas se trouver dans cet état. On revient rapidement au rêve normal ou à l'éveil. En un sens, le rêve lucide pourrait être vu comme quelque chose qui tourne mal pendant un rêve normal."

Pendant un rêve lucide, on peut communiquer

Une anomalie qui est rapidement rétablie, donc. Cependant, les rêves lucides représentent un outil important pour découvrir ce qui se passe dans notre cerveau pendant que nous dormons et comment le sommeil influence la consolidation des souvenirs.

Les progrès de Dresler ont jusqu'à présent montré qu'il est possible d'interagir pendant le rêve lucide : il a demandé à ses volontaires de répondre par oui ou par non à certaines questions, ainsi que de résoudre des opérations mathématiques simples. 40 % des sujets qui expérimentaient le rêve lucide ont répondu correctement en utilisant les mouvements oculaires établis précédemment.

"Nous avons démontré que la communication avec les volontaires endormis est possible dans les deux sens, du chercheur au dormeur et vice versa."

Les rêves "normaux" sont importants pour organiser les informations et traiter les expériences vécues, laissant de la place à l'inconscient. Cette fonction pourrait manquer dans le rêve lucide, qui cependant représente une minuscule proportion de la phase REM lorsqu'il se produit, donc sans être dommageable.

Pour Dresler, enfin, cela peut également être un outil utile en cas de cauchemars : "Avec la thérapie des rêves lucides, les patients peuvent se rendre compte pendant un cauchemar que ce qui se passe n'est pas réel et pourraient même acquérir un contrôle actif sur le rêve, ou décider de se réveiller."