Des scientifiques cultivent des cellules de bœuf à l'intérieur de grains de riz : est-ce le futur de l'alimentation ?
On parle beaucoup de viande cultivée, considérée comme une solution pour une consommation de viande plus éthique, que les détracteurs étiquettent comme de la viande synthétique, même si elle n'a rien de synthétique. Cependant, la recherche ne s'arrête pas à cette innovation, et récemment, des scientifiques sud-coréens ont franchi une autre étape vers une alimentation hybride. Ils ont en effet réussi à cultiver avec succès des cellules de muscle et de graisse bovine à l'intérieur des grains de riz. Mais comment ont-ils réussi ? Et pourquoi le riz au bœuf pourrait-il représenter l'aliment du futur ?
Qu'est-ce que le riz au bœuf et comment l'obtient-on ?
Yonsei University
Maintenant que nous sommes familiers avec l'idée que les fibres musculaires peuvent être cultivées, le concept du riz au bœuf est nettement plus novateur. Les chercheurs de l'Université Yonsei de Séoul, en Corée du Sud, ont exploité la structure poreuse des grains de riz pour créer un environnement idéal à la croissance des cellules bovines. Concrètement, les grains de riz fournissent un support solide pour les cellules ainsi que les nutriments essentiels à leur croissance.
Une fois le concept de recherche clarifié, l'équipe sud-coréenne a également abordé les aspects techniques. Pour garantir que les cellules bovines adhèrent au riz, les chercheurs ont enrobé les grains de gélatine de poisson et y ont inséré les cellules de muscle et de graisse bovine. Après une culture de 9 à 11 jours, ils ont obtenu un vrai riz hybride comestible qui a une teneur en protéines et en matières grasses supérieure à celle du riz traditionnel. De plus, le goût et l'odeur rappellent différents aliments selon que la teneur en protéines est supérieure à celle des matières grasses.
Le nouveau riz au bœuf est-il durable ?
Yonsei University
Au-delà de la recherche scientifique en elle-même, il est nécessaire de comprendre le "pourquoi" de cette innovation alimentaire. Certes, la possibilité de cultiver des cellules bovines à l'intérieur d'une céréale largement répandue est déjà révolutionnaire, mais à quoi cela sert-il ? Selon les chercheurs, le riz au bœuf pourrait offrir aux consommateurs une alternative à la viande traditionnelle, tant du point de vue éthique que de la durabilité.
Selon une étude publiée dans Matter, le nouveau riz au bœuf pourrait offrir une solution qui réduit de manière significative les émissions de gaz à effet de serre par rapport à la production de viande bovine. Pour 100 grammes de protéines de riz au bœuf, un peu plus de 6 kg de dioxyde de carbone sont libérés, tandis que pour la viande bovine, nous sommes autour de 50 kg.
Cependant, la question est différente et concerne l'acceptation par les consommateurs, qui font preuve d'un certain scepticisme à l'égard de ces innovations. Déjà, la viande cultivée, injustement qualifiée de synthétique, a rencontré l'opposition des éleveurs et des consommateurs qui préfèrent la nourriture traditionnelle. Un riz au bœuf hybride, aussi nutritif soit-il, pourrait rencontrer encore plus de résistance.
Le futur du riz au bœuf
World Economic Forum/Wikimedia Commons - CC BY 3.0 DEED
Malgré tous les défis que nous venons de mentionner, le riz hybride au bœuf a le potentiel de révolutionner l'industrie alimentaire. Avoir dans un seul aliment une solution complète pour l'alimentation est un résultat incroyable, mais des tests et des développements supplémentaires seront nécessaires pour rendre le riz au bœuf économiquement durable, et pas seulement du point de vue environnemental.
L'idée peut sembler presque de la science-fiction, mais cultiver des aliments en laboratoire est une réalité concrète. Et pas nécessairement négative. La viande cultivée, ainsi que le riz hybride, représentent une solution qui ménage la chèvre et le chou, littéralement. Les retombées environnementales sont révolutionnaires, tout comme la possibilité de mettre fin à l'exploitation animale et aux pratiques d'élevage intensif. Il ne reste plus qu'à convaincre les consommateurs : une tâche simple... ou pas ?