Les primates aiment se faire des farces et des plaisanteries : tout comme les humains

par Baptiste

17 Février 2024

Les primates aiment se faire des farces et des plaisanteries : tout comme les humains

Malgré notre évolution, nous avons encore beaucoup de choses en commun avec nos cousins primates. Certes, nous partageons avec eux une grande partie de notre patrimoine génétique, mais ce n'est pas tout. Les humains et les primates partagent également plusieurs aspects sociaux, tels que l'humour et la capacité à plaisanter avec nos semblables. Une nouvelle étude scientifique aborde ce sujet.

Qu'est-ce que la capacité à plaisanter ?

Qu'est-ce que la capacité à plaisanter ?

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À première vue, il peut sembler que la capacité à plaisanter n'est guère plus que superficielle : parfois, on rit ensemble, parfois, on rit seul, et c'est tout. En réalité, plaisanter nécessite des compétences cognitives et sociales complexes. Tout d'abord, cela demande une certaine compréhension des normes sociales et la capacité à se mettre à la place des autres. Ensuite, cela requiert une certaine capacité à évaluer la violation des attentes. C'est pourquoi cela n'est présent que chez les êtres humains, n'est-ce pas ?

Eh bien, pas tout à fait, comme le montre une récente étude. En effet, l'équipe de chercheurs a mis au point un système permettant d'identifier les taquineries chez les grands singes, à savoir les chimpanzés et les bonobos, les orangs-outans et les gorilles. En analysant des vidéos provenant de certains zoos, il a été possible de détecter des interactions provocatrices et des comportements ludiques présentant d'incroyables similitudes avec notre manière de plaisanter.

Les primates plaisantent et se taquinent

Les primates plaisantent et se taquinent

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Imaginer un enfant faisant une grimace à un autre, et l'autre répondant en faisant de même, est assez courant. Plaisanter fait partie de nos interactions sociales dès l'enfance : ce sont des comportements qui ne sont pas fortuits, mais qui représentent des signaux d'une capacité cognitive plus profonde. Et si ce sont deux orangs-outans, ou deux gorilles, qui plaisantent ? Les chercheurs des universités de Los Angeles et de San Diego se sont retrouvés confrontés à cette éventualité.

Cette capacité à se taquiner de manière ludique suggère que les grands singes, nos parents les plus proches dans le règne animal, pourraient partager avec nous de nombreuses capacités cognitives. L'étude a en effet analysé des vidéos de diverses interactions sociales entre les singes, observant comment ils se taquinent. Selon les chercheurs, ce type d'humour n'est donc pas une caractéristique typiquement humaine, mais un aspect qui décrit aussi bien nous que les grands singes.

Quand avons-nous commencé à plaisanter ?

Quand avons-nous commencé à plaisanter ?

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Cela nous amène à réfléchir à quand nous avons commencé à plaisanter. Le fait que ces dynamiques sociales soient présentes même chez nos parents les plus proches suggère que les fondements de la plaisanterie pourraient remonter à notre ancêtre commun le plus récent. Bien entendu, la plaisanterie et les taquineries auraient hypothétiquement pu se développer de manière indépendante, mais elles auraient dû le faire dans différentes espèces. Pour cette raison, les chercheurs estiment que la capacité à plaisanter a probablement émergé il y a très longtemps. Mais quand ? Selon Isabelle Laumer, l'une des auteures de l'étude :

"D'un point de vue évolutif, la présence de taquineries ludiques chez les quatre grands singes et ses similitudes avec les taquineries et les blagues chez les nourrissons humains suggèrent que la taquinerie et ses prérequis cognitifs pourraient avoir été présents chez notre dernier ancêtre commun, il y a au moins 13 millions d'années."

Il s'agit d'une découverte qui, si confirmée par des études supplémentaires, pourrait en partie réécrire l'histoire de la cognition. Répondre à la question "quand avons-nous commencé à plaisanter ?" pourrait donc nous aider à répondre à d'autres questions. Quand avons-nous commencé à être conscients ? Quand avons-nous dépassé l'instinct ? D'où venons-nous ? Des questions simples, en somme, sur lesquelles il ne faut pas plaisanter. Ou peut-être que si ?