Une chimiste a suggéré d'ajouter du sel au thé, mais tout le monde n'est pas d'accord
Dire aux Britanniques comment faire du thé, c'est un peu comme apprendre aux Italiens à faire des pâtes : c'est possible, mais l'accueil n'est jamais très favorable. Récemment, un chimiste américain a justement proposé de modifier la tradition britannique du thé, ce qui a suscité une controverse compréhensible parmi les amateurs de cette boisson. Mais pourquoi tout ce remue-ménage ?
Pour les Britanniques, le thé est un sujet d'une grande importance
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Malgré leur origine dans d'autres régions du monde, on ne peut nier que l'image du thé est aujourd'hui associée à celle de l'Angleterre. En effet, au Royaume-Uni, le thé est une véritable institution et peut susciter des opinions très tranchées à toutes les étapes, de la culture à la consommation. Et on débat également sur les procédures les plus correctes du point de vue scientifique pour préparer une bonne tasse de thé.
Alors que le neuroscientifique Dean Burnett affirme que la meilleure méthode est "celle que l'on préfère", une chimiste américaine voit les choses différemment. Michelle Francl, professeure de chimie au Bryn Mawr College, a en effet publié un livre dans lequel elle tente d'utiliser ses compétences pour comprendre comment préparer la tasse de thé parfaite. Il va de soi que la simple publication du livre a suscité des réactions chez tous les sujets de Sa Majesté, touchés au cœur de leur tradition identitaire. Mais rien n'a déclenché autant de polémiques que la proposition d'ajouter du sel au thé.
Le sel dans le thé : provocation ou intuition ?
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L'une des recommandations de la chimiste américaine est d'ajouter une pincée de sel au thé. Les ions de sodium du sel de table peuvent en effet bloquer certains de nos récepteurs qui nous font percevoir l'amertume du thé. Et ce n'est même pas une découverte récente – selon Francl, les Chinois le faisaient déjà au VIIIe siècle – ni une attaque contre le goût actuel. Il s'agit en effet d'une simple suggestion d'un point de vue scientifique qui n'a pas l'intention de franchir les frontières du goût, où chacun est souverain.
Tout comme avec le sel, Francl examine également la tendance à ajouter du sucre, de l'aspartame et du citron, en analysant les réactions chimiques qui donnent naissance aux saveurs et aux arômes d'une tasse de thé. De plus, elle aborde également la question la plus débattue concernant le thé à l'anglaise : pourquoi ajouter du lait ?
Pourquoi les Anglais mettent-ils du lait dans leur thé ?
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À ce jour, il n'existe que des théories plus ou moins répandues, plus ou moins fiables, pour répondre à cette question. Selon l'une des plus populaires, le lait était utilisé dans le passé pour éviter que les tasses en porcelaine ne soient endommagées par l'eau bouillante. Il suffisait d'ajouter un peu de lait pour abaisser la température du thé sans causer de dommages. Une autre théorie suggère que le lait était ajouté pour masquer certains arômes trop amers du thé, surtout lorsque celui-ci était de qualité inférieure.
En revanche, si les Chinois du VIIIe siècle connaissaient les vertus du sel dans le thé, ce n'est certainement pas le cas des Anglais qui, aujourd'hui encore, sont scandalisés par les propositions de Michelle Francl. Certes, l'ajout de sel au thé semble beaucoup plus inhabituel que d'y ajouter du lait, et les deux font l'objet d'un vif débat, quel que soit le point de vue scientifique. Mais quelqu'un a-t-il déjà goûté ?
https://www.theguardian.com/science/brain-flapping/2014/oct/03/how-to-make-tea-science-milk-first
https://www.bbc.com/news/uk-68085304
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