L'histoire des sorcières et des balais : pourquoi ne sont-elles jamais représentées sans ?

Quelle image vous vient à l'esprit lorsque vous pensez à une sorcière ? Très probablement, une vieille femme grincheuse coiffée d'un chapeau pointu et chevauchant un balai. Mais pourquoi cette figure ancienne est-elle représentée de cette manière ?

Les premières représentations de sorcières sur des balais

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Dans l'imaginaire collectif, la sorcière a une apparence précise : le nez crochu, vêtue de noir, portant un long chapeau pointu et chevauchant un balai. Quiconque décide de choisir ce déguisement pour Halloween ne peut se passer de ces éléments qui, dans la tradition populaire, sont fortement liés à cette figure. Mais pourquoi l'un des "accessoires" indispensables pour les sorcières est-il justement le balai ? Quel est le lien entre cet objet domestique et les potions magiques, les filtres et les rituels ? Il est certain que l'origine des sorcières est très ancienne, et il en est de même pour les balais : même s'ils n'utilisaient pas des outils identiques à ceux d'aujourd'hui, les gens balayaient déjà leur maison dans l'Antiquité, en optant pour de longs bâtons minces et des fibres naturelles.

Le terme lui-même, "balai", dérive de l'arbuste qui servait à fabriquer ces instruments primordiaux et a été dès le début associé au rôle domestique réservé aux femmes. Cependant, ce n'est pas le genre féminin qui a inauguré l'histoire du vol à bord d'un balai : le premier, en effet, a été Guillaume Edelin, un prêtre français jugé en 1453 pour sorcellerie, qui avoua avoir chevauché un balai. Sa révélation n'est cependant pas une surprise : les premières illustrations représentant des sorcières volant sur le manche d'un balai remontent à deux ans plus tôt, en 1451, dans le manuscrit du poète Martin Le Franc Le Champion des Dames.

Sorcières sur le balais, de la fertilité à la transe

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Cependant, pourquoi les sorcières devraient-elles chevaucher des balais ? Que symbolise cette action ? Selon l'anthropologue Robin Skelton, cela pourrait remonter à un rituel d'origine païenne visant à favoriser la fertilité, lorsque les paysans dansaient sur des fourches et des piquets sous la pleine lune pour améliorer leurs récoltes. Cette coutume a ensuite été transposée aux sorcières et aux légendes populaires selon lesquelles, la nuit, elles se déplaçaient à bord de ces moyens pour se rendre aux sabbats. En voyant les femmes pratiquer cette action pour obtenir la fertilité, les hommes les ont confondues avec des invocations démoniaques et ont commencé à les persécuter.

De plus, selon certains, le manche à balai était l'outil idéal pour asperger les potions, leur permettant de "voler" et d'entrer dans une sorte de transe. Au Moyen Âge, il était courant de croire que les sorcières fabriquaient des onguents à base de plantes contenant des substances hallucinogènes, notamment la jusquiame, la mandragore, la belladone et la stramoine, mais qu'elles préféraient les absorber par contact cutané avec le balai plutôt que par ingestion, évitant ainsi d'éventuels problèmes gastro-intestinaux.

Bien sûr, à cette époque, la chasse aux sorcières faisait rage et il n'est pas possible d'affirmer avec certitude si ces théories sont le fruit de la réalité ou de préjugés. Quoi qu'il en soit, l'image des sorcières sur des balais a continué à s'enraciner, se généralisant à partir du XVIIe siècle, parallèlement à l'association des femmes à l'usage domestique de cet outil. Bien que la ferveur contre les sorcières ait diminué à partir du XVIIIe siècle, cette représentation universelle subsiste encore aujourd'hui.

Le balai de sorcière, rôle dans les arts magiques

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Au-delà des motivations réelles ou supposées quant à la raison pour laquelle les sorcières utilisaient des balais pour en extraire les effets de substances psychoactives naturelles, comment étaient-ils utilisés dans l'art de la magie ? Ils faisaient certainement partie de leurs rituels, par exemple pour créer des cercles magiques de protection, au centre desquels le rituel était exécuté, créant ainsi un espace séparateur avec l'extérieur. L'art de "voler" au bord d'un balai symbolisait la capacité de transcender la conscience pour se connecter à une dimension spirituelle, tout en étant un instrument indiquant la force féminine dans l'art magique.

De plus, étant donné que les balais, par leur nature même, sont conçus pour éliminer la saleté, pour les sorcières, ils avaient une utilité symbolique de purification de l'environnement des énergies négatives avant de commencer un rituel. Utilisés comme une sorte de baguette magique, ils étaient agités dans l'air à la fois pour éloigner ces énergies et pour établir un contact avec les éléments de la nature, dont les balais étaient composés. Dans certains cas, ils pouvaient représenter un véritable "sceptre du pouvoir" : le balai était considéré comme un symbole d'autorité et celui qui le possédait pouvait diriger le déroulement d'une pratique magique, donnant des indications au reste des participants.

En somme, le balai est intrinsèquement lié à la figure des sorcières qui, si elles ne sont plus persécutées depuis des siècles, ne seront plus dissociées de cet élément distinctif, du moins dans l'imaginaire collectif.