Une petite créature pourrait être le plus ancien exemple de cerveau fossile que nous ayons

par Baptiste

26 Décembre 2023

Une petite créature pourrait être le plus ancien exemple de cerveau fossile que nous ayons

L'origine de la vie sur Terre est une question fascinante, quelle que soit la perspective adoptée. Encore plus intéressante, d'un certain point de vue, est la tentative de comprendre l'évolution d'un organe fondamental comme le cerveau. Pour tenter de répondre à cette question, qui nous concerne au plus près, une récente étude a fait quelques découvertes qui pourraient réécrire ce que nous savons. Explorons de quoi il s'agit, lors d'un voyage dans le passé remontant à plus de 500 millions d'années.

Quand le premier cerveau animal est-il apparu ?

Quand le premier cerveau animal est-il apparu ?

Strausfeld et al./Science

Dans le Cambrien, la première période de l'ère paléozoïque, environ 525 millions d'années avant aujourd'hui, les continents se séparent après le supercontinent Rodinia. Sur terre, il n'y a pas de plantes, seulement quelques lichens et algues épars, et dans les océans nage une étrange créature. Il s'agit du Cardiodictyon catenulum, un ver marin d'environ un centimètre et demi dont les fossiles ont été découverts en Chine.

Cette petite créature faisait partie des lobopodes cuirassés, des anciens habitants du Cambrien qui dominaient les mers entre 540 et 500 millions d'années. Le Cardiodictyon catenulum se déplaçait avec des pattes courtes et dépourvues d'articulations, mais il avait un cerveau et des ganglions nerveux. L'aspect extraordinaire de sa découverte réside dans le fait que, pour la première fois, les chercheurs ont pu observer un cerveau fossilisé, ou plutôt, le plus ancien cerveau fossile jamais trouvé. Mais comment est-ce possible ?

Le premier cerveau fossile : une découverte qui réécrit l'histoire de la vie sur Terre

Le premier cerveau fossile : une découverte qui réécrit l'histoire de la vie sur Terre

Nicholas Strausfeld

Nous savons bien à quel point il est rare que les tissus mous parviennent à se fossiliser. D'ailleurs, nous avons des milliers d'os de dinosaures pour le confirmer. Cependant, rare ne veut pas dire impossible : selon l'étude publiée dans Science, ce ver marin possédait en fait trois domaines cérébraux. Chacun d'eux était lié à une paire particulière d'appendices de la tête et à une section du système digestif antérieur.

Cela signifie que le Cardiodictyon catenulum présentait un plan génétique commun pour la formation du cerveau. Les implications de ces résultats sont extraordinaires pour les arthropodes, mais aussi intéressantes pour leurs proches parents. Selon les chercheurs, ces découvertes pourraient également s'appliquer à des animaux appartenant à d'autres catégories. De nouvelles études sur la génétique de la formation cérébrale, y compris sur les fossiles, seront nécessaires.

Le futur de la recherche sur le premier cerveau fossile découvert

Le futur de la recherche sur le premier cerveau fossile découvert

Strausfeld et al./Science

La recherche sur le premier cerveau fossile découvert n'est qu'un premier pas vers la compréhension des dynamiques évolutives du cerveau chez les animaux. Selon Nicholas Strausfeld et Frank Hirth, les deux chercheurs responsables de l'étude, le cerveau du Cardiodictyon catenulum pourrait même révolutionner nos connaissances sur l'évolution de la structure cérébrale chez les premiers animaux. Strausfeld conclut par un message dédié à la biodiversité contemporaine, à un moment où les changements climatiques transforment radicalement notre planète :

« À un moment où les principaux événements géologiques et climatiques remodelaient la planète, de simples animaux marins comme le Cardiodictyon ont donné naissance au groupe d'organismes le plus diversifié au monde, les euarthropodes, qui ont finalement colonisé tous les habitats émergents de la Terre, mais qui sont maintenant menacés par notre propre espèce éphémère. »

La découverte du premier cerveau fossile offre donc non seulement un regard fascinant sur le passé, mais ouvre également de nouvelles perspectives sur notre évolution et notre présent. Le thème des changements climatiques n'est pas si indépendant de l'histoire du Cardiodictyon catenulum, tout comme notre destin n'est pas si éloigné de celui de notre planète. Et il n'est pas nécessaire d'avoir un cerveau, même fossile, pour le comprendre.