Les moustiques mâles suçaient aussi le sang : pourquoi ne le font-ils plus ?
Des années d'observations et de recherches ont montré que seules les femelles de moustiques sucent le sang, tandis que les mâles sont essentiellement inoffensifs. Cependant, comme c'est souvent le cas en science, de nouvelles découvertes sont destinées à révolutionner notre compréhension du monde qui nous entoure. Selon une étude récente, en effet, par le passé, même les mâles de moustiques suçaient le sang.
Les moustiques mâles suçaient aussi le sang : la découverte
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La découverte selon laquelle même les mâles de moustiques suçaient le sang est le résultat d'un effort scientifique intense et de l'utilisation de technologies avancées. Une équipe de recherche a analysé des fossiles d'ambre découverts au Liban grâce à l'instrumentation innovante de l'Institut de géologie et de paléontologie de Nankin. Grâce à la collaboration avec l'Académie chinoise des sciences, il a été possible d'étudier plus en profondeur les fossiles d'ambre et d'aboutir à des résultats inattendus.
Dany Azar, le chercheur principal qui a signé l'étude publiée dans Current Biology, a identifié deux mâles de moustiques piégés dans l'ambre fossile. Les deux présentent un appareil buccal que l'on serait plus enclin à trouver chez les spécimens femelles. Cela signifie que même les mâles de moustiques avaient un appareil buccal perforant et idéal pour sucer le liquide des victimes.
Le plus ancien moustique connu ne se nourrissait pas uniquement de nectar
Dany Azar et. al./Current Biology
Les chercheurs ont utilisé des microscopes laser confocaux et à fluorescence pour examiner l'ambre fossile contenant les deux spécimens de moustiques. L'analyse a révélé des parties anatomiques étonnamment similaires à celles que l'on trouve chez les femelles modernes, y compris l'appareil buccal perforant. Les moustiques d'aujourd'hui ont en effet un organe qui leur permet de perforer la peau, de sucer le liquide rouge et de libérer la substance qui cause les démangeaisons ultérieures.
Mais les mâles n'ont rien de tout cela : ils se nourrissent principalement de jus de fruits et de nectar et sont donc inoffensifs pour les humains et les mammifères. Ce n'était pas le cas dans le passé, car même les spécimens mâles de moustiques pouvaient attaquer leurs victimes. De plus, la datation moléculaire de l'ambre place les fossiles au début du Crétacé, soit environ 30 millions d'années avant les estimations. Cela pourrait être le moustique le plus ancien jamais découvert.
Un comportement surprenant, mais à démontrer
Dany Azar - CC BY-SA
L'idée que même les mâles de moustiques se nourrissaient de sang soulève en réalité plusieurs questions sur la biologie et l'évolution de ces insectes. Si le comportement hématophage a en effet été abandonné au fil des millions d'années, il doit y avoir une explication due à une certaine adaptation. De plus, quand cette mutation s'est-elle produite ?
La théorie proposée par l'étude est sans aucun doute intéressante, mais elle laisse de nombreuses questions ouvertes auxquelles il faudra répondre. Une piste intéressante relie le comportement des mâles de moustiques à l'évolution des fleurs, survenue environ 5 millions d'années plus tard. La diffusion des plantes à fleurs pourrait avoir incité les mâles à changer leurs habitudes alimentaires, mais des recherches supplémentaires seront nécessaires. En attendant, au moins nous n'avons pas à nous soucier des moustiques mâles, aujourd'hui ils nous laissent tranquilles...
