Des scientifiques ont réussi à communiquer avec des personnes endormies

Les rêves sont un sujet fascinant et plutôt mystérieux, que la science continue d'étudier. Au cours de certaines expériences, des chercheurs ont réussi à communiquer avec des personnes endormies : découvrons-en plus sur cette recherche intéressante.

Rêve interactif : qu'est-ce que la phase REM ?

Pexels

Pas tout le monde se souvient de ses rêves une fois réveillé, mais ces expériences nocturnes peuvent être particulièrement intenses et vives. La science pense que notre cerveau, pendant le sommeil, réorganise les informations reçues pendant la journée et traite les émotions vécues ou refoulées, mais la route vers une compréhension définitive de ce qui se passe réellement est encore longue et complexe. Cependant, une chose est certaine : les rêves sont des épisodes oniriques qui se produisent à la fois lors de la phase REM et à d'autres moments du sommeil, mais c'est pendant le "Rapid Eye Movement" que l'activité cérébrale est la plus intense, au point de ressembler à l'état de veille. Les rêves dont nous nous souvenons le mieux, ou qui nous semblent les plus réels, et que nous pouvons parfois même contrôler, se produisent pendant cette phase, tandis que les muscles du corps sont temporairement paralysés, ce qu'on appelle "l'atonie musculaire REM" : de cette manière, nous ne pouvons pas réagir physiquement à ce que nous "vivons" dans le rêve, évitant ainsi le risque de nous blesser.

Ce moment de notre sommeil est essentiel pour de nombreux processus cognitifs à l'état de veille, tels que l'humeur, la capacité d'apprentissage et la mémoire, qui peuvent être compromis en l'absence de phase REM. La science continue d'étudier cet aspect fascinant de notre esprit, et lors d'une étude, les chercheurs ont mis en lumière une nouvelle possibilité encore inexplorée.

Rêve interactif : les expériences

Current Biology

Au lieu de se baser sur les réponses et les récits des personnes une fois éveillées, les scientifiques ont décidé de "les interroger" directement pendant leur sommeil, établissant ainsi une communication en temps réel avec les dormeurs. Les sujets impliqués dans un sommeil profond, au cours duquel se produisent les rêves lucides, se sont avérés capables de fournir des réponses appropriées aux stimuli externes. Quatre groupes de scientifiques, provenant de différentes parties du monde, ont mené quatre expériences distinctes et ont conclu qu'il était possible d'établir des communications bidirectionnelles avec des sujets endormis en phase REM. Les différents groupes ont impliqué trente-six participants, dont trente-cinq avaient des expériences variées de rêves lucides, tandis qu'un participant souffrait de narcolepsie, avec une fréquence élevée de rêves vivides. Au cours des expériences, les chercheurs se sont assurés que chaque personne se trouvait en phase REM en utilisant des méthodes de polysomnographie standard, telles que l'électroencéphalogramme. Pour mesurer la réponse effective aux stimuli, les mouvements du visage et des yeux ont été choisis comme paramètres. Par exemple, certains participants ont appris à déplacer leurs yeux de gauche à droite pour répondre à la question « êtes-vous dans un rêve lucide ? »

Les scientifiques du groupe allemand de l'Université d'Osnabrück ont posé des questions mathématiques aux participants en utilisant le code Morse et des lumières clignotantes, leur demandant de répondre par des mouvements des yeux de gauche à droite. Les chercheurs américains de la Northwestern University ont posé des questions mathématiques verbales aux rêveurs, en relevant les réponses en se basant sur le nombre évident de mouvements oculaires. L'équipe néerlandaise du Radboud University Medical Center a suivi le même processus, mais a ajouté quelques signaux visuels.

Communiquer pendant les rêves : les résultats des expériences

Freepik

Les scientifiques de la Sorbonne ont travaillé avec le participant atteint de narcolepsie, en posant des questions verbales nécessitant des réponses "oui/non". Pour les réponses positives, l'individu a répondu en contractant les muscles des zygomatiques, montrant un grand sourire, tandis que pour les réponses négatives, il a contracté les muscles des sourcils, plissant le front. Enfin, un autre participant s'est vu demander de compter combien de fois un membre de l'équipe touchait sa main droite. Dans l'ensemble, les 158 essais de communication avec les sujets rêveurs en phase REM ont révélé 18,4 % de réponses correctes, 3,2 % de réponses incorrectes, 17,7 % de réponses non évaluables et 60,1 % de non-réponses.

Ken Paller, psychologue à la Northwestern University, a déclaré : « Nous avons découvert que les individus en sommeil paradoxal (REM) peuvent interagir avec un expérimentateur et s'engager dans une communication en temps réel, démontrant que les rêveurs sont capables de comprendre des questions, de s'engager dans des opérations de mémoire de travail et de produire des réponses. » La neuroscientifique Karen Konkoly a ajouté : « Nous avons combiné les résultats car nous pensons que la combinaison de données de quatre laboratoires utilisant des approches différentes peut attester de manière plus convaincante de la réalité de ce phénomène de communication bidirectionnelle. » Dans l'introduction de la recherche, il est dit : « Notre objectif expérimental est similaire à celui de trouver un moyen de parler à un astronaute se trouvant sur une autre planète. » Un objectif qui semble impossible, mais qui au final n'est pas à exclure.

À la fin des expériences, les sujets ont été interrogés sur leur expérience pendant le sommeil et ont confirmé se souvenir des échanges de communication, percevant les voix venant de l'extérieur du rêve ou se superposant. Dans certains cas, les sources semblaient apparaître à l'intérieur du rêve, par exemple par le biais d'une communication par radio. La capacité de développer un rêve interactif et de communiquer avec l'extérieur fournit une base solide pour approfondir l'étude des rêves et de la mémoire, offrant un potentiel pour aider à traiter les troubles du sommeil et, pourquoi pas, pour nous entraîner à contrôler nos expériences oniriques. Que pensez-vous de ces expériences fascinantes ?