La Finlande est "le pays le plus heureux du monde", mais est-ce vraiment le cas ?
Chaque année, le World Happiness Report mesure le bonheur perçu par les individus dans 137 pays, créant ainsi une sorte de classement mondial de la satisfaction dans la vie. Depuis plusieurs années, la première place est occupée par la Finlande, un résultat en apparence surprenant, compte tenu de ses longs hivers et de ses températures froides. Au-delà du classement, il y a beaucoup plus à considérer derrière les positions de pays comme la Finlande ou les résultats plus mitigés d'autres pays. En somme : peut-on vraiment mesurer le bonheur ?
Le World Happiness Report : comment mesurer le bonheur des gens
LeWorld Happiness Report (WHR) se base sur six paramètres clés censés contribuer à mesurer le bonheur des citoyens du monde entier. Les six paramètres sont le revenu par habitant, l'assistance sociale, l'espérance de vie à la naissance, la liberté de faire des choix de vie, la générosité et l'absence de corruption. Ce sont des indicateurs censés fournir, selon l'intention du rapport, un tableau complet du bien-être et du bonheur des nations.
Selon l'économiste Jeffrey Sachs, le bien-être humain devrait être l'objectif ultime de la politique et de l'éthique. Dans cette optique, le bonheur ne serait pas un concept abstrait, mais une mesure basée sur l'incidence des conditions matérielles, de la santé mentale et physique, des vertus personnelles et de la bonne citoyenneté. Dans ce sens, le WHR peut sans aucun doute mesurer le bonheur des pays. Mais est-ce vraiment tout ?
La Finlande est le pays le plus heureux du monde : pourquoi ?
La Finlande occupe régulièrement la première place du classement du bien-être établi par le WHR depuis plusieurs années, suivie par d'autres pays nordiques tels que le Danemark et l'Islande. Il serait donc juste de dire que la Finlande est le pays le plus heureux au monde en suivant les directives du rapport. En prenant en compte les indicateurs du World Happiness Report, il est clair que les longs hivers et les températures basses ont un impact minime sur le bien-être de la population.
Au contraire, ce sont les particularités culturelles qui prennent le dessus. Le concept finlandais de "Sisu" identifie une combinaison de détermination, de persévérance et de force intérieure, reflétant une mentalité qui permet de surmonter les difficultés grâce à une attitude positive. Bien sûr, une attitude positive ne peut pas tout représenter ni résoudre tous les problèmes, mais c'est une caractéristique culturelle qui certainement contribue.
Pour un pays comme la Finlande en tête, il devient en revanche plus difficile d'interpréter les positions des pays suivants dans le classement du WHR. Par exemple, Israël est classé 4ème, et plusieurs nations européennes se trouvent dans le top 20. Ensuite, nous trouvons les Émirats arabes unis à la 26ème place, et Taïwan à la 27ème place. La France est quant à elle 21ème. L'Italie se classe pour sa part 33ème, entre l'Espagne et le Kosovo, ce qui semble être un résultat particulier.
Au-delà du bonheur : ce que le rapport ne dit pas
Le WHR fournit donc de précieuses informations sur la perception globale du bonheur. Cependant, il existe des aspects que le rapport ne couvre pas entièrement, comme évoqué dans le paragraphe précédent. Comme l'a souligné le regretté sociologue Domenico De Masi, il est étrange qu'un pays qui subit de nombreux attentats soit parmi les plus heureux, tandis que d'autres se classent plus bas. De plus en plus de voix s'élèvent pour remettre en question la validité des critères utilisés par le rapport : le bonheur ne peut pas être mesuré aussi facilement. Il existe des nuances culturelles et individuelles qui échappent à un classement qui se veut global. Bien sûr, l'assistance sociale et la liberté de faire des choix de vie sont des indicateurs importants, mais ils ne sont pas suffisants en eux-mêmes. La même chose peut être dite des autres paramètres qui contribuent à former le classement du WHR.
Ce qui rend un pays heureux : le WHR et le bonheur mondial
En observant la première place de la Finlande, il est tentant de se demander ce que nous pouvons apprendre des Finlandais, mais les choses ne sont pas si simples. Tout d'abord, parce que le World Happiness Report laisse des éléments de côté, ce qui est inévitable. Deuxièmement, en raison des subtiles différences entre les pays et des critères statistiques choisis. En fin de compte, le WHR soulève néanmoins des questions importantes sur ce qui rend un pays heureux et quelles politiques sont nécessaires pour rendre ses citoyens heureux. À la lumière de l'évolution de la notion de bonheur, il est nécessaire que sa mesure évolue également, peut-être en adoptant une approche plus complète du bien-être.