Les pieuvres ressentent à la fois la douleur physique et la souffrance émotionnelle : une étude révèle leurs "sentiments"

par Baptiste

01 Avril 2021

Les pieuvres ressentent à la fois la douleur physique et la souffrance émotionnelle : une étude révèle leurs "sentiments"

Souvent, nous, les humains, avec un soupçon de supériorité présumée, croyons que nous sommes les seules créatures sur la face de la Terre à éprouver des sentiments et des sensations de manière complexe et profonde. Pourtant, il n'en est rien, et nous nous en rendons compte lorsque nous découvrons que même les animaux les plus "insoupçonnables" sont capables de vivre des expériences similaires à celles que nous vivons.

Prenez les pieuvres, par exemple. L'importante étude dont nous allons vous parler a mis en lumière un aspect inattendu et peu connu de leur émotivité, à savoir l'expérience de la douleur. Selon ce qui est apparu, non seulement ces céphalopodes peuvent ressentir la douleur au niveau physique, mais ils souffrent aussi émotionnellement. Il s'agit d'une capacité jusqu'alors inconnue chez les invertébrés.

via The Academic Times

Piqsels

Piqsels

Tout est lié au système nerveux de ces créatures, considérés par les chercheurs comme particulièrement complexes d'un point de vue neurologique. Jusqu'à la publication des résultats de cette étude, on ignorait s'il existait des invertébrés capables de ressentir une douleur physique et émotionnelle. C'est pourquoi Robyn Crook, neurobiologiste à l'université d'État de San Francisco, a décidé de se pencher sur la question.

Les travaux de laboratoire ont duré des années et ont recréé plusieurs situations douloureuses pour les céphalopodes à partir des mêmes méthodes que celles utilisées pour des expériences similaires sur les rongeurs. La recherche était complexe et détaillée, mais elle a abouti à des résultats inattendus. Tout comme les mammifères, les pieuvres sont capables d'éprouver de la détresse et de la souffrance face à la douleur. Ces créatures, après avoir subi un traumatisme mineur dû à une injection, ont montré une préférence pour les endroits où la douleur a été soulagée, évitant au contraire ceux où elles ont vécu l'expérience négative.

Snappygoat

Snappygoat

"Il s'agit d'une aptitude extrêmement complexe", a expliqué M. Crook. "Relier un sentiment subjectif concernant l'état de son corps à un nouveau contexte, puis se souvenir de ce contexte et l'éviter par la suite suggère que la pieuvre est consciente de ce qu'elle a vécu et de ce qu'elle vit". Tout à fait remarquable, si l'on considère que c'est une première pour un invertébré.

On peut donc dire que les pieuvres ont un cerveau et un système nerveux beaucoup plus proches de ceux des petits vertébrés comme les reptiles ou les amphibiens, que des céphalopodes. Selon ce qui ressort des recherches américaines, en effet, ces créatures seraient également capables de localiser la douleur et de la "différencier" en fonction de la position où celle-ci est induite. "Nous voulions mesurer l'état affectif des céphalopodes afin de pouvoir évaluer les analgésiques et autres interventions susceptibles de favoriser le bien-être de ces animaux", raconte encore le chercheur.

Alfiero Brisotto/Flickr

Alfiero Brisotto/Flickr

Et il semble qu'ils ont réussi. Une découverte de ce type ouvre en effet de nouvelles perspectives sur la manière dont nous nous comportons avec des animaux comme les pieuvres et l'on espère, selon les experts, qu'elle pourra favoriser des comportements adaptés à leurs besoins et à leurs sentiments. Certainement, à partir d'aujourd'hui, nous regarderons les pieuvres avec des yeux différents, nous en sommes certains !