Cette "tombe" de déchets radioactifs dans le Pacifique pourrait s'ouvrir en raison de la hausse du niveau des mers
Quand nous pensons à un atoll dans le Pacifique, la première image qui nous vient à l'esprit est celle d'un paradis d'eau bleu clair et cristalline et de plages blanches, de palmiers et de végétation luxuriante. Souvent, c'est exactement le cas, à l'image de l'île de Runit, une des terres qui composent l'archipel des îles Marshall, en Océanie.
Mais la beauté naturelle d'un tel lieu contraste profondément avec son histoire. À Runit, une structure est tristement connue par la population locale – et pas seulement – comme étant "La Tombe". Il s'agit d'un dépôt de déchets radioactifs, qui est revenu au centre de l'attention pour les problèmes critiques qu'il pourrait générer.
US Defense Special Weapons Agency/Wikimedia
La Tombe est un fossé géant, scellée par un dôme en béton (Runit Dome), qui contient plus de 87 800 mètres cubes de déchets radioactifs. Dans cette zone, au cours des années 1940 et 1950, les États-Unis ont effectué un grand nombre d'essais nucléaires sur divers types d'armes et de dispositifs.
Entre autres, lors de celui baptisé "Castle Bravo", les Américains ont fait exploser une bombe thermonucléaire mille fois plus puissante que celles larguées sur Hiroshima et Nagasaki, sans que les populations environnantes soient évacuées à temps, avec des répercussions évidentes qui, encore aujourd'hui, voient les îles Marshall impliquées dans un procès international contre les États-Unis.
Et les déchets de ce qui a été testé dans ces années-là ont été enterrés dans le cratère créé sur l'île de Runit. Une quantité énorme qui, aujourd'hui, en raison du changement climatique et de l'élévation du niveau de la mer, pourrait redevenir un danger.
Federal government of the United States/Wikimedia
De fait, le niveau de la mer autour du dôme de Runit a augmenté d'environ 7 millimètres par an depuis 1993. Ainsi, l'eau a commencé à pénétrer dans le terrain sous le grand dôme en béton, dont le fond, contrairement au toit, n'a jamais été recouvert de matériau isolant.
Le problème, lié à la montée des eaux, est qu'elles menacent de submerger la tombe ou de fissurer sa structure, qui pourrait alors s'ouvrir. Bien que, pour des raisons évidentes, l'île de Runit ne soit pas habitée, le risque de déversement de matières radioactives est réel et pourrait avoir des conséquences qui s'ajouteraient à la grande catastrophe déjà causée par les essais nucléaires américains.
L'endommagement de la structure en béton pourrait donc entraîner des risques sanitaires dangereux pour les habitants des Marshall, en particulier ceux qui vivent dans les atolls les plus proches du dôme. Sans compter que, si une telle catastrophe devait se produire, les déchets radioactifs se retrouveraient dans l'océan, avec des conséquences que l'on peut facilement imaginer.
Les effets réels de l'exposition aux niveaux actuels de rayonnement causés par le "cimetière" radioactif du Pacifique sont encore à l'étude par les experts. Il n'est pas clair, en effet, si les radiations produites par le dôme sont déjà nocives pour les populations locales.
Malgré cela, dans les années qui ont suivi les tests et le "nettoyage" américain (qui a eu lieu jusqu'en 1980), on a constaté des problèmes de santé. Bien sûr, les habitants des îles Marshall vivent constamment dans la crainte d'un danger imminent énorme, qui pourrait découler de la rupture du dôme.
- https://www.abc.net.au/news/2017-11-27/the-dome-runit-island-nuclear-test-leaking-due-to-climate-change/9161442
- https://marshallislands.llnl.gov/ccc/Hamilton_LLNL-TR-648143_final.pdf
- https://www.pacificclimatechangescience.org/wp-content/uploads/2013/06/8_PCCSP_Marshall_Islands_8pp.pdf
- https://news.sky.com/story/climate-change-is-cracking-open-a-nuclear-tomb-built-to-contain-american-waste-11859775