Les chercheurs ont créé des briques à partir des excréments du corps humain : elles sont solides et plus isolantes que les briques traditionnelles
Au premier abord, cela peut sembler un peu bizarre, voire peu ragoutant. Mais cette découverte scientifique pourrait avoir un énorme potentiel écologique.
L'idée est née de la nécessité de trouver des matériaux de construction ayant un impact moindre sur l'environnement. En effet, chaque année, environ 1,5 trillion de briques sont produites, ce qui signifie des excavations de plus de 3 milliards de mètres cubes d'argile, ce qui équivaut à plus de 1000 terrains de football creusés à 400 mètres de profondeur.
Ces chiffres ne doivent pas être sous-estimés et doivent être combinés avec l'énergie utilisée pour produire ces mêmes briques, ainsi qu'avec l'utilisation massive du dragage, le processus d'excavation en profondeur utilisé pour extraire le sable et l'argile : mais une équipe de chercheurs australiens a peut-être trouvé le bon équilibre entre l'écodurabilité et les besoins de construction.
via mdpi.com
Une équipe de chercheurs de l'Université RMIT en Australie a étudié la possibilité de fabriquer des éléments de construction à partir de déchets organiques humains. Publiée dans le magazine Buildings, la recherche a fait sensation, car elle pourrait marquer un nouveau cap dans la construction durable.
L'utilisation des excréments humains s'est avérée utile pour produire des briques solides et résistantes tout comme celles traditionnelles. Le "secret" réside dans l'utilisation des biosolides.
Ces matières organiques, obtenues à partir d'eaux usées solides, ont déjà trouvé de nombreuses utilisations, notamment pour la fertilisation en agriculture, après traitements.
L'idée des chercheurs australiens était de mélanger les déchets avec les substances traditionnelles pour produire les briques. Les chercheurs ont démontré qu'un tel procédé permettrait de réduire de 30 % la quantité de déchets organiques envoyés dans les décharges, tout en protégeant l'environnement contre l'excavation massive continue.
C'est précisément sur ces deux points fondamentaux qu'Abbas Mohajerani, ingénieur civil au RMIT, a insisté parmi les coordinateurs de l'étude.
Outre l'impact environnemental moindre de leur production, les briques obtenues à partir de biosolides se sont également révélées avoir une meilleure isolation thermique que les briques classiques.
U.S. Air Force photo/Tech. Sgt. Brian Ferguson
Bien que les caractéristiques de ces matériaux et toutes les implications relatives à leur production soient encore à l'étude, les prémisses sont sans doute encourageantes.
Il est bon, en effet, de savoir que ce que nous traitons comme des déchets sans aucune finalité, peut contribuer de manière aussi décisive à protéger le bien-être de notre planète, au nom d'une durabilité si nécessaire.
Source:
- https://www.rmit.edu.au/news/all-news/2019/jan/recycling-biosolids-sustainable-bricks
- https://www.mdpi.com/2075-5309/9/1/14