Une épave retrouvée dans le Nil prouve que l'historien Hérodote avait raison : les navires de l'époque étaient faits de briques recouvertes de papyrus
Les Histoires d'Hérodote (484 av. J.-C. - 430 av. J.-C.) sont l'une des premières œuvres historiographiques de l'Occident. Nous savons que l'œuvre a été écrite avant tout pour être proclamée publiquement, ce qui a souvent amené les savants à se demander si ce qui est dit par l'historien grec correspondait à la réalité des faits. Un navire, submergé dans les eaux du Nil, a remis à l'honneur le débat sur la véracité des histoires d'Hérodote.
Belov, IJNA, 2013
Dans le livre Euterpe (le second de son œuvre), au chapitre 96, Hérodote décrit un bateau particulier appelé baris. La description de l'historien semblait peu fiable pour deux raisons : premièrement, le navire semblait trop peu conventionnel ; deuxièmement, il n'y a eu aucune découverte successive pour confirmer les paroles d'Hérodote.
La question a été mise en suspens pendant un certain temps, jusqu'à ce que, en 2018, le navire 17 soit trouvé, un type de bateau très particulier qui semble confirmer les paroles de l'historien grec. Il semble que le navire ait été construit vers le VIIe siècle av. J.-C. et qu'il soit resté immergé dans les eaux de l'embouchure du Nil, près de l'ancienne ville d'Héracléion (ou Thonis), pendant presque 2 500 ans.
Davies, N. de G., 1901-1902
Dans son livre, Hérodote parle d'un navire construit en briques recouvertes de papyrus et d'un gouvernail qui, glissant dans un trou de la quille, traverse toute la coque du navire. La découverte du navire 17 confirme les propos de l'historien de l'Antiquité : les joints du revêtement de la coque sont décalés de façon à donner l'impression d'être devant un mur de briques. Les tenons ressemblent également à ceux décrits par Hérodote.
Des incohérences entre le navire 17 et le baris décrit par Hérodote ont néanmoins été trouvées : les tenons d'Hérodote étaient plus petits tandis que les tenons du navire 17 sont plus grands ; en outre, le baris n'avait pas de châssis de renfort, tandis que le navire 17 en a plusieurs. Ces incohérences, explique Damian Robinson, directeur du Oxford Centre for Maritime Archaeology, s'expliquent facilement en supposant que le baris d'Hérodote était plus petit que le navire trouvé dans le Nil.
Christoph Gerigk/Franck Goddio/Hilti Foundation
La découverte de cet ancien navire - résultat de l'obstination de l'archéologue Alexandre Belov - représente une nouvelle confirmation de la véracité des paroles des historiens de la Grèce antique. Une confirmation qu'une grande partie de ce qu'ils ont dit était bien réel et que nous sommes encore loin de connaître les mystères du monde antique.
Source: https://www.theguardian.com/science/2019/mar/17/nile-shipwreck-herodotus-archaeologists