Le cerveau humain continue à produire des neurones même à l'âge adulte : une nouvelle étude relance le débat
La neurogenèse chez l'adulte, c'est-à-dire la capacité de produire de toute nouvelles cellules neuronales même à un âge avancé, a été au centre d'un débat qui dure depuis plusieurs décennies. Chez l'adulte, elle n'a jamais été complètement confirmée ou niée : de nombreuses pistes d'étude dans le passé ont affirmé qu'elle était plausible, mais les résultats des tests n'ont jamais été irréfutables. Le débat est si vif qu'il crée dans le monde scientifique de véritables factions qui essaient par tous les moyens de discréditer les théories opposées.
Pourtant, une étude publiée dans la revue Nature début 2019 semble apporter un éclairage nouveau sur le sujet : si elle se confirmait, nous serions à un tournant dans le traitement de nombreuses maladies dégénératives comme l'Alzheimer.
via nature.com
L'un des nœuds cruciaux dans l'étude des tissus cérébraux - en plus de leur découverte, bien sûr - est la conservation. Comme l'explique Llorens-Martin, auteur de la recherche, dans le cas du décès d'un donneur, le cerveau doit être inséré dans le processus de préservation sous quelques heures et avec des substances spécifiques. Si tel n'était pas le cas, une certaine protéine qui identifie les cellules cérébrales nouvellement créées serait éliminée, ce qui fausserait les données d'une éventuelle étude sur la neurogenèse.
Constatant que de nombreux cerveaux présents dans les bases de données n'avaient pas été correctement stockés, les chercheurs ont commencé à collecter de nouveaux cerveaux en 2010 et ont été capables d'en tirer de nouvelles conclusions. Par exemple, ils ont remarqué une grande différence dans la présence de nouveaux neurones dans l'hippocampe entre les personnes ayant une mémoire intacte et les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Ces dernières avaient un nombre beaucoup plus faible de jeunes cellules, qui diminuait au fur et à mesure que la maladie progressait. Cela suggère que la compréhension et l'analyse de la régénération pourraient aider à prédire l'apparition de la maladie, et peut-être même la retarder en stimulant la neurogenèse.
Brandon Martin-Anderson/Flickr
Selon de nombreux chercheurs comme Rusty Gage, un neuroscientifique président du Salk Institute for Biological Studies, l'étude publiée dans Nature a été menée avec les meilleures précautions, et pourrait faire taire les sceptiques ou au moins jeter les bases d'une nouvelle approche.
La recherche n'a certainement pas abouti à une conclusion définitive, mais selon la communauté scientifique, il y a une forte probabilité que cette étude puisse trouver une réponse plus solide, ouvrant de nouvelles opportunités dans le traitement de maladies comme la maladie d'Alzheimer ou l'épilepsie.