La nature passe à la contre-attaque : les éléphants évoluent pour perdre leurs défenses et se protéger des braconniers
Le commerce des défenses d'éléphants - et en général tous les "trophées" qui résultent de l'abattage d'animaux menacés - est un fléau que nous n'avons pas encore réussi à vaincre aujourd'hui. Ces "armes" de pachydermes, qui ne sont rien d'autre que d'énormes dents modifiées, sont en ivoire et sont largement utilisées pour la création d'objets de valeur, ainsi que pour différents usages dans la médecine traditionnelle. En effet, une poudre "miraculeuse" serait obtenue à partir des défenses ; laquelle augmenterait la virilité, la force et la fertilité, même si aucun de ces effets n'a jamais été scientifiquement prouvé.
Malgré diverses interdictions et saisies internationales, de nombreux éléphants sont encore abattus (souvent par hélicoptère ou avion) pour vendre leurs défenses à un prix élevé sur les marchés, notamment en Asie.
De bonnes nouvelles, cependant, émergent de certaines études sur les populations existantes de pachydermes : il semble que la nature cherche peu à peu à se défendre des humains.
La façon la plus efficace, mais non la plus rapide, dont les êtres vivants peuvent se protéger des menaces extérieures est de mettre en œuvre des mécanismes évolutifs pour s'adapter aux nouvelles conditions et tromper le prédateur. Le mécanisme de l'évolution est que l'individu ayant les caractéristiques "gagnantes" sera capable de se reproduire davantage par rapport à l'individu ayant les caractéristiques "perdantes", augmentant ainsi la possibilité que ses forces soient transmises aux générations futures. Dans ce cas, la processus est simple : les braconniers n'abattent les éléphants qu'avec des défenses ; ceux qui n'ont pas de défenses ont donc de meilleures chances de survivre jusqu'à un âge avancé et de se reproduire. Résultat ? De plus en plus d'éléphants naissent sans défenses, et donc "immunisés" contre la menace de la chasse.
Les chercheurs mozambicains qui étudient le phénomène ont en effet constaté que, par rapport à une moyenne normale de 2 à 4%, 30% de la population féminine d'éléphants est aujourd'hui dépourvue de défenses. Une donnée qui trouve écho dans l'Addo Elephant National Park en Afrique du Sud : ici aussi, il a été constaté qu'au début des années 2000, 98% des femelles présentes n'avaient pas de défenses.
Une telle tendance démontrerait donc que la nature met en œuvre une stratégie défensive induite de l'extérieur, qui pourrait un jour conduire la population d'éléphants à ne plus être confrontée aux braconniers.
Evidemment, si d'un côté les nouvelles nous rendent heureux, de l'autre elles nous alarment : l'impact environnemental des actions humaines est si fort qu'elle oblige des espèces vivantes entières à réécrire leur code génétique en quelques décennies seulement.