L'expérience sur le petit Albert, l'enfant qui a servi de cobaye pour une étude sur la peur conditionnée
Ce que nous allons vous raconter, c'est l'histoire du petit Albert, le nom donné à un nouveau-né qui a participé à une expérimentation en psychologie. Au début du XXe siècle, les études menées directement sur l'homme étaient très fréquentes et, aussi cruelles soient-elles, elles ont servi de base à des découvertes ultérieures.
Le médecin qui a mené l'expérience avec Albert était John Watson, père du béhaviorisme. Le médecin voulait étudier in vivo les effets du conditionnement : en d'autres termes, Watson voulait voir dans quelle mesure il était possible de "manipuler" la réponse à un stimulus externe.
Le petit Albert est né dans le même hôpital où Watson travaillait. A la naissance, il a présenté une hydrocéphalie sévère, et c'est ce qui explique très probablement le choix du médecin sur lui : quelle que soit la souffrance dérivée de l'expérience, Albert aurait dû les endurer pendant une courte période et il n'y aurait aucune trace de l'expérience non plus.
La première partie de l'expérience a consisté à présenter à Albert des objets et des animaux afin d'enregistrer ses réponses émotionnelles : les assistants du médecin lui ont exposé des masques, du coton, des bijoux, un singe, un chien, une souris blanche et un lapin. Albert n'avait peur d'aucun de ces éléments.
John B Watson/ Wikimedia Commons
L'expérience proprement dite, visant à créer dans le petit une réponse conditionnée à un stimulus, a commencé en 1920, quand Albert avait 11 mois et 10 jours. A chaque séance, il était posé sur une table au milieu d'une pièce, avec la souris blanche de laboratoire avec laquelle il avait déjà été en contact pendant la phase d'analyse.
Albert avait le droit de jouer avec la souris, mais chaque fois qu'il la touchait, le médecin faisait un bruit assourdissant en frappant un marteau sur une barre d'acier suspendue.
Au son, l'enfant se montrait effrayé et la plupart du temps, il finissait en larmes.
Le processus s'est répété en plusieurs séances : chaque fois qu'Albert touchait la souris, un très fort bruit retentissait soudainement dans la pièce.
L'expérience s'est poursuivie jusqu'à ce qu'Albert développe le stimulus désiré : un jour, on a montré au bébé la souris comme d'habitude, mais avant que le médecin puisse frapper la barre de métal, Albert a éclaté en sanglots en essayant de s'échapper de l'animal.
Ce qui s'est passé chez l'enfant est facile à expliquer : Albert a fini par associer la souris au bruit et donc à la peur. D'élément neutre tel qu'était la souris à l'origine, désormais cette dernière suscitait une réponse négative. La phobie de la souris s'est également propagée au coton, aux masques et aux fourrures. L'expérience a été un succès.
À la fin de l'expérience, Albert avait environ un an. En plus d'être éprouvé par sa maladie, il a également été profondément touché par ce qu'il avait subi au cours de l'expérience. Il a passé les dernières années de sa vie à essayer de surmonter ses peurs, qui s'étendaient aux objets les plus banals.
On ne sait pas si les parents de l'enfant étaient au courant de ce qui se passait dans le cabinet du médecin. La mère était connue pour être une assistante travaillant dans le même hôpital que le Dr Watson. Des années après la conclusion de l'étude comportementale, il est apparu que le vrai nom de l'enfant n'était pas Albert, mais Douglas Meritte.
Douglas Meritte est mort en 1925 à l'âge de six ans.