L'Amérique de la ségrégation raciale: voici à quoi s'est soumis ce journaliste pour vraiment la comprendre.

par Baptiste

11 Juin 2017

L'Amérique de la ségrégation raciale: voici à quoi s'est soumis ce journaliste pour vraiment la comprendre.

Historiquement, avec les diverses vagues de migration, plus ou moins tous les pays du monde ont vécu (ou vivront) l'arrivée de citoyens de pays lointains, avec des traits culturels spécifiques et des caractéristiques physiques différentes. Il est tout aussi vrai que par le passé les personnes de type caucasien ont souvent considéré socialement inférieurs ceux qui étaient de couleurs plus foncées. Chaque époque a réagi différemment à la rencontre de ces peuples. Il y a eu par exemple un journaliste qui dans l'Amérique où la ségrégation raciale était encore légale, se demandait si un blanc pouvait vraiment comprendre ce que c'était que de vivre comme une personne à la peau noire. Comment le savoir? Voici l'histoire de John Howard Griffin.

En 1959, soit 5 ans avant la loi qui a mis fin à la ségrégation raciale aux États-Unis (Civil Right Act, 1964), un journaliste du nom de John Howard Griffin a décidé de tenter une expérience ...

En 1959, soit 5 ans avant la loi qui a mis fin à la ségrégation raciale aux États-Unis (Civil Right Act, 1964), un journaliste du nom de John Howard Griffin a décidé de tenter une expérience ...

Don Rutledge

Griffin savait qu'en se présentant dans les zones des États du Sud en tant que journaliste blanc, cela ne l'aurait pas aidé à vraiment comprendre comment les Afro-américains de son pays vivaient. Ainsi, l'homme se tourna vers un dermatologue à la Nouvelle-Orléans, grâce auquel il a pu prendre des médicaments, utiliser des crèmes et se soumettre aux UV pour assombrir la couleur de sa peau et la faire apparaître comme naturellement noir. Griffin a également coupé ses cheveux très courts pour ne pas faire comprendre qu'ils sont lisses. Puis il a commencé son voyage en Amérique du Sud profond.

Griffin passa plusieurs semaines à se déplacer entre la Nouvelle-Orléans, le Mississippi, la Géorgie et la Caroline du Sud.

Griffin passa plusieurs semaines à se déplacer entre la Nouvelle-Orléans, le Mississippi, la Géorgie et la Caroline du Sud.

Don Rutledge

Griffin, qui était accompagné par un photographe qui documentait tout (et qui l'aidait parce qu'il avait perdu la vue en 1946 après un accident quand il était enrôlé dans l'armée américaine), chaque jour, il écrivait des rapports sous la forme de journal intime. Sa mission était de mettre en discussion les discours qui soutenaient que même si le sud connaissait la ségrégation, les blancs et les noirs vivaient substantiellement pacifiquement et de manière égale.

Ce qu'a vu Griffin, cependant, s'est révélé être une situation loin d'être sereine, faite d'actes explicites de racisme, mais aussi de subtilités aussi difficiles à dénoncer qu'à vivre.

D'articles à livre.

D'articles à livre.

Don Rutledge

Tous les rapports écrits par Griffin ont été initialement publiés par le journal Sepia puis recueillis dans un livre intitulé Black like me (Dans la peau d'un noir), qui en 1961 est devenu un Best-selller et qui est encore utilisé dans les écoles comme matériel de lecture pour comprendre la question raciale américaine. Griffin y explique avec précision les problèmes qu'un afro-américain rencontrait pour satisfaire des besoins tels que trouver une maison, se procurer de la nourriture, utiliser les sanitaires et d'autresservices hygiéniques. 

 

Les conséquences de la gloire.

Les conséquences de la gloire.

Don Rutledge

Plus tard, le livre de Griffin a continué à avoir du succès mais, comme il est facile d'imaginer, les partisans de la ségrégation, déjà très préoccupés par le nombre croissant du mouvement pour les droits civiques, n'ont pas apprécié la volonté du journaliste de démontrer qu'il n'y avait rien de juste et de pacifique dans la situation raciale du pays.

Les critiques, mais surtout les menaces reçues, l'ont poussé à transférer toute sa famille du Texas au Mexique pendant neuf mois.

Une vie au service de la justice sociale.

Une vie au service de la justice sociale.

Don Rutledge

Avant de faire son voyage, Griffin avait déjà vécu une vie intense: après le lycée, il a gagné une bourse d'étude avec laquelle il a pu déménager en France pour étudier la médecine et la littérature, puis Griffin a rejoint la résistance française en tant que médecin et a contribué à l'expatriation de nombreux juifs autrichiens vers l'Angleterre.

Après la publication du livre, il a continué de s'occuper des relations ethniques et de justice sociale.