Journées de la mémoire... sélective: 7 génocides du 20e siècle dont on ne parle presque jamais
Nous savons tous que le 27 Janvier de chaque année est célébré le "Jour du Souvenir" afin de ne pas oublier l'horreur de l'Holocauste.
Une volonté bien légitime pour ne pas oublier les victimes de ces atrocités, mais force est de constater qu'au siècle dernier, de nombreux autres génocides ont ensanglanté la planète, et personne - ou presque - ne le rappelle avec autant de vigueur.
Selon la définition de l'ONU en effet, un génocide se constitue d' "actes commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux». En voici 7 exemples éclatants.
L'extermination des Arméniens
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La minorité arménienne en Turquie avait toujours été considérée comme un ennemi du gouvernement (Ottoman d'abord, puis turc) d'un point de vue religieux et politique.. Ainsi est né le premier génocide du 20e siècle: à partir de 1915, le gouvernement turc a commencé à déporter des écrivains, des journalistes, des intellectuels, des parlementaires; s'en sont suivies des arrestations massives et des exténuantes "marches de la mort" à travers le désert sans eau ni nourriture. Les victimes estimées? Entre un million et un million et demi de personnes.
Seuls 27 pays reconnaissent officiellement le génocide, et parmi eux, la Turquie n'y figure pas. Nous avons consacré un article complet sur le sujet.
La famine "forcée" de l'Ukraine
Avec le terme Holodomor on se réfère à une famine conçue et mise en œuvre par le régime de Staline au début des années trente pour affaiblir l'Ukraine et ses fermes privées. Le premier à s'opposer ont été les paysans riches, les koulaks, qui furent déportés dans des camps de travail en Sibérie où ils sont morts par milliers.
D'autres décisions ont été prises: destruction des fours, confiscation des produits alimentaires et des outils agricoles, peine de mort pour les voleurs de nourriture. A partir de 1932, la situation a empiré et le peuple ukrainien a commencé à mourir de faim. Pour un total estimé entre 7 et 10 millions victimes (sans compter les décès dans les camps de travail).
Le génocide a été reconnu par le Parlement européen seulement en 2008...
L'extermination du peuple Igbo au Nigéria
En 1967, le peuple Igbo a déclaré son indépendance et a créé la République du Biafra. La réaction du gouvernement nigérian ne s'est pas faite attendre, notamment parce que dans le Biafra se trouvaient les 4/5 des gisements de pétrole du Nigéria.
Le conflit a duré environ trois ans, et se termina par la victoire du gouvernement. Tous les services et les infrastructures du Biafra ont été détruits, provoquant des milliers de morts de faim et de maladie. Environ deux millions de personnes ont perdu la vie tandis que trois autres millions sont devenus réfugiés.
Aujourd'hui encore le peuple Igbo est fortement discriminé, et fait toujours pression pour que ces crimes soit reconnus comme génocide.
Le «nettoyage» du Cambodge
Voici peut-être l'un des génocides les moins connus dans le monde occidental. Entre 1975 et 1979, les Khmers rouges occupèrent le pays et divisèrent la population en «peuple nouveau» (à ré-éduquer), «sous-peuple» et «traîtres» (à éliminer).
Les Khmers rouges ont ainsi exterminé environ deux millions de Cambodgiens (l'ensemble de la population s'élevait à moins de huit millions); les principales victimes ont été les minorités vietnamiennes, chinoises et musulmane Cham, mais aussi tous ceux qui avaient des diplomes élevés ou une profession indépendante.
L'extermination n'a pas encore été reconnue internationalement.
La guerre civile au Rwanda
Si nous parlons de l'histoire du Rwanda, nous ne pouvons pas ignorer le génocide de 1994. Pour dominer le pays, deux ethnies rivales se sont affrontées: les Tutsis et les Hutus. Mais l'un des protagonistes, cependant, a été la Belgique, qui a administré le pays de 1923 à 1962 et qui a gardé de nombreux liens et une présence dans le pays à travers ses coopérants. En fonction de ses intérêts, le gouvernement belge a d'abord soutenu les Tutsis, considérés comme supérieurs ethniquement, puis les Hutus parce que moins hostile à l'hégémonie européenne.
Les luttes intestines ont culminé avec l'assassinat du président de l'étnie hutu en 1994: à partir de ce moment-là, l'extermination a commencé. Plus d'un million de personnes ont été trucidées avec des armes rudimentaires comme des bâtons et des machettes, surtout des Tutsis, mais aussi de nombreux Hutus soupçonnés de trahison. La France, la Grande-Bretagne et la Belgique se sont limités à rapatrier leurs citoyens et ont abandonné le Rwanda à son sort, qui se termina par une victoire des Tutsis et la fuite des Hutus.
À la fin de 1994, le Tribunal pénal international fut institué pour le Rwanda, mais à ce jour, il a jugé et condamné pour génocide à peine une vingtaine de personnes.
Le massacre de Srebrenica
Inséré dans le cadre de la guerre en Bosnie (1992-1995, 250.000 morts), le massacre de Srebrenica est considéré comme l'un des plus sanglants survenus en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Les troupes serbo-bosniaques dirigées par Ratko Mladic ont conduit un nettoyage ethnique qui avait ciblé la communauté musulmane de Bosnie.
La Cour internationale de Justice de La Haye de la Justice en 2007 a reconnu l'événement comme génocide en raison de son caractère religieux.
La guerre civile au Darfour
Depuis 2003, le Soudan est secoué par une guerre civile sanglante dans la région du Darfour. Un combat entre la majorité noire et la minorité arabe (qui, cependant, représentent la majorité dans le reste du Soudan).
Le rôle du gouvernement soudanais dans le conflit est encore flou, bien que de nombreux personnes l'accusent de soutenir ouvertement les combattants d'origine arabe. Ces derniers sont appelés janjawids (hommes à cheval avec le sabre à la main): ils arrivent dans les villages, tuent les hommes, violent les femmes et empoisonnent les puits.
Malgré le caractère ethnique du conflit et l'incroyable nombre de victimes (400 000 à ce jour), cette terrible guerre de Darfour n'est toujours pas définie comme génocide.