Vendre sa femme au marché: voilà pourquoi cette pratique absurde s'est répandue

par Maggy

29 Novembre 2016

Vendre sa femme au marché: voilà pourquoi cette pratique absurde s'est répandue

La triste coutume de mettre en vente (ou simplement de donner) sa propre conjointe à un tiers est une pratique que l'on retrouve dans toutes les cultures du monde et qui est mise en oeuvre pour des motivations très variées.Ainsi, alors qu'il est connu que dans chaque population qui incluait la classe des esclaves, vendre une personne aux enchères était considéré comme normal (ou menacer un esclave de vendre sa femme était un moyen de le maintenir soumis), peu de gens savent que cette pratique a aussi été utilisée dans l'Histoire plus récente et dans des lieux insoupçonnables...

Vendre sa femme en Angleterre au 18ème siècle.

Vendre sa femme en Angleterre au 18ème siècle.

Rappresentazione satirica della vendita di una moglie - Autore sconosciuto, 1820.

Et bien oui, entre la fin des années 1600 et le début des années 1700 en Angleterre, la pratique de vendre sa femme aux enchères commença à se répandre. Il est intriguant de savoir qu'il ne s'agissait pas seulement d'un moyen de gagner de l'argent, mais aussi un échappatoire plus ou moins consensuel étudié par les deux époux qui ne voulaient plus rester ensemble.

Que disait la loi?

Que disait la loi?

Milord John Bull al mercato di Smithfield per vendere la moglie.

La pratique de mettre sa femme en vente n'avait aucune base légale et en général on encourait des poursuites pénales mais surtout à partir de la moitié du XIXème siècle, le comportement des autorités au regard des personnes qui recouraient à cette pratique n'était pas univoque: il existe des preuves écrites d'au moins un magistrat qui déclara qu'il retenait n'avoir aucun droit d'empêcher à un homme de vendre sa propre femme.

Dans certains cas relatifs aux Poor Laws (les lois qui concernaient les couches de population les plus pauvres), il résulte en outre que souvent, c'était les autorités elles-mêmes à suggérer cette option dans le cas où le mari n'était plus capable de pourvoir économiquement à la famille: cette solution était préférable plutôt que de risquer de surpeupler les workhouse, les maisons populaires de l'époque qui fournissaient aussi un emploi.

La légalisation du mariage rendit tout plus compliqué

La légalisation du mariage rendit tout plus compliqué

Vendere una moglie - Quadro di Thomas Rowlandson

Jusqu'en 1753, quand une loi qui légalisait la question du mariage vint promulguée (Marriage Act), les unions restaient non- déclarées et n'impliquaient pas une cérémonie officielle devant un prêtre. Mais à partir de cette année-là, une fois le mariage célébré, les volontés de la femme devinrent à tous les effets subordonnées aux décisions du mari. De la même façon, réussir à obtenir le divorce devint très difficile, voire inconcevable. Jusqu'en 1857, en effet, obtenir la permission de se séparer et de se remarier n'était possible qu'après avoir traversé une procédure longue et coûteuse qui se concrétisait en un acte du Parlement. Evidemment, pour les classes plus démunies, c'était une option inenvisageable et de là, l'idée est née de se passer de la loi et de résoudre ses problèmes économiques et sentimentaux en personne.

Quelle fût l'étendue de cette pratique en Angleterre?

Quelle fût l'étendue de cette pratique en Angleterre?

L'avvocato William Murray sosteneva che la pratica del vendere le mogli era un pericoloso modo d'incoraggiare l'infedeltà coniugale.

Si au milieu du XVIIIème siècle la moyenne des femmes vendues était de deux par décennie, dans les années 30 du XIXème siècle, on avait atteint les cinquantes. Même si beaucoup retiennent qu'il s'agissait d'une pratique utilisée principalement dans les zones rurales les plus pauvres, il existe des preuves qui attestent aussi sa diffusion dans les classes prolétaires industrielles.

Les attestations de cette coutume  arrivent jusqu'au début du XXème siècle avec le dernier cas connu qui remonte à 1913, quand une femme de la ville de Leeds porta plainte pour avoir été vendue par son mari à un de ses collègues pour la modique somme d'une livre.